Entre paysage lointain et proximité urbaine

La parcelle du projet se situe à une entrée Est du village de Vandoeuvres le long de la route communale de Meinier et s’ouvre sur l’ouest, avec une légère déclivité, au paysage agricole jusqu’à l’horizon fermé par les massifs montagneux: nous reconnaissons ici un lieu de transition.
Les éléments constitutifs du site

Une lecture de l’environnement proche de la parcelle nous amène à reconnaître un ensemble typologique construit très varié, propre à la ruralité contemporaine qui s’étend de l’équipement public à la ferme agricole et son territoire en passant par des bâtiments de logements collectifs en bande ou isolés, de petites structures artisanales ou commerciales jusqu’à la villa individuelle isolée sur sa parcelle. C’est cette situation plurielle ou «transition» que nous nous proposons de reconnaître tant à travers le travail sur la forme des bâtiments que l’espace même généré par l’ensemble.

Génération de l’espace et de la forme architecturale

Par un mécanisme d’agrégation linéaire suivant la grande dimension du terrain, de formes typologiques singulières extraites du territoire de Vandoeuvres, sont créées deux volumétries occupant l’ensemble de la parcelle. A travers une opération de soustraction/substitution, l’espace est dédensifié de manière proportionnelle à l’ouverture sur le paysage lointain. Le résultat est un enchaînement croisé de pleins et vides (trois édifices et deux espaces principaux) qualifiant le site de conditions diverses sur ses limites et offrant une ouverture générale sur le paysage lointain. L’espace public est ainsi tourné vers le village (la place d’accès et de rencontre le long de la rue de Meinier) mais en même temps vers le paysage agricole et la vision lointaine du panorama alpin (l’espace de jeux, l’agora). Ces deux espaces en continuité à travers les divers cheminements offerts forment «l’Esplanade» dont l’emprise s’étend jusqu’au bâtiment communale existant afin de l’intégrer dans le processus d’ensemble.

Les volumes architecturaux, extraits à partir des agrégations de typologies singulières, subissent une opération de perforation de leur masse afin d’en augmenter la porosité, au niveau du sol par des passages publics communicant avec les halls d’entrée et dans les étages par la formation de loggias profondes prolongeant à l’extérieur l’espace des logements et éclairant naturellement les circulations communes. Les légères fractures dans les géométries résultant de la déformation du plan accompagnent le travail des toitures et fragmentent les volumes en autant de situations singulières en même temps qu’elles en empêchent toute lecture linéaire. Les percements de façade suivent une logique similaire induisant des typologies de logements diverses et favorisant ainsi une meilleure appropriation des lieux en les particularisant.

La matérialité du projet fonctionne comme un élément unificateur et réunit les divers éléments en une lecture unique, depuis le lointain, offrant ses effets de textures dans des vues plus rapprochées. Le ton ocre - rouge des panneaux de béton matricé domine, tandis que les effets d’ombres de la trame en losange détache les faces des volumes en fonction des différentes lumières du jour et des points de vue observés. Les toitures inclinent les mêmes matrices et couleurs à travers un revêtement de panneaux de fibro-ciment.

Mémoire / transition / pluralité

En définitive ce projet tente de convoquer la mémoire à travers les formes qu’il donne à voir comme autant de relectures des figures typologiques déjà traditionnellement présentes sur ce territoire, à savoir principalement «la demeure» ou le «corps de ferme», il parle aussi de la transition d’un monde à l’autre, de l’urbain vers le rural grâce à sa forme «intermédiaire» et son ouverture progressive sur le paysage. Enfin il se veut pluriel en invoquant diverses sources et références, certaines historiques et locales (les typologies environnantes) ou trans-régionales (le revêtement en pose losange, typique de l’architecture jurassienne), d’autres plus générales, contemporaines ou abstraites quant à l’organisation de l’espace des logements ou à une certaine préoccupation formelles et esthétique.

Le logement

Chaque logement est conçu autour d’une condition d’angle, matérialisée par une loggia de dimensions généreuses et dispose d’une double ou triple orientation. Le plan du logement s’organise de manière nucléaire autour de l’espace cuisine-séjour dans un soucis de réduction des circulations bien sûr mais surtout de doter les pièces d’une certaine polyvalence d’usage. les mouvements de la façade et des menuiseries apportent autant de points de vue différents participant à la caractérisation de chaque unité.